44 ème jour Reprise du périple

Voici  un an et demi passé, je débutais ce chemin, arrêté par une malencontreuse tendinite au bout d'une quarantaine de jours. Entre-temps, un virus nommé COVID-19 s'est invité dans nos vies, ne nous laissant pas d'autres choix que le confinement. Cette précédente pérégrination fût une merveilleuse école du retour à l'essentiel, d'abandon du superflu. Une force également pour vivre, en ces temps extra-ordinaires, ce retour sur soi, appréhender les personnes qui nous entourent, proches ou plus éloignées. Apprendre à regarder les invisibles, les sans grades, sans qui nous serions bien démunis.

N'aimant pas rester sur une impression d'inachevé, l'envie de marcher m'a repris. Je vais essayer de terminer ce chemin, pour y retrouver le plaisir de l'immersion dans cette nature si apaisante, vivre, sans doute de façon très différente, ce chemin, avoir un regard bienveillant sur mes hôtes et ces pelegrinos côtoyés.

Mais comment vais-je faire, partir de Jaca, destination de ma dernière étape, ou d'Oloron Ste Marie afin de franchir de nouveau les Pyrénées ?

Aucune de ces solutions. Pour m'imprégner des moments de partage à venir, je vais tout d'abord m'enrichir du pèlerinage diocésain à Lourdes et offrir mes services aux personnes à mobilité réduite, moi qui ai la chance de pouvoir randonner par monts et par vaux.

C'est en car et accompagné de 150 pèlerins que je me dirige vers Lourdes où je prendrais mes quartiers pour 4 jours à l'hôtel Angélic. Nous partons de Laval, ce jeudi 1er octobre 2020, à 6h45 du matin pour 10h de trajet.

Voici une demi-heure que nous roulons et fendons la nuit profonde. Les premières lueurs du jour apparaissent sur la gauche, vers l'est. Elles dessinent les contours des arbres et soulignent la noirceur des nuages menaçants qui nous ont servi des averses toute la nuit.

Nous descendons vers Niort puis Bordeaux. A la pause de 10 h, le soleil s'invite et souhaite nous accompagner. Ses rayons éclairent le paysage, sous un ciel bleu parsemé de quelques nuages blancs cotonneux. Le feuillage des arbres, les prairies brillent sous les gouttelettes, telles des diamants semés à la volée et me donnent déjà envie de reprendre mes bâtons pour parcourir ces espaces naturels.

Pause méridienne à l'aire de service de Saugon avant Bordeaux. Le soleil veut bien rester en notre compagnie jusqu'à l'embarquement dans le car pour partir sous une grosse averse en direction de Lourdes.

Peu avant 18h, les premiers contreforts des Pyrénées surgissent par delà les bosquets bordant la route. Ça y est, nous y voici. Nous descendons près du Sanctuaire pour rejoindre notre hôtel. 

Il n'y a pas foule. Ce lieu semble comme endormi, là où une expression fervente se dégageait, jusque tard dans la nuit.

Dîner à 19 h, avant de rejoindre, sans se faire prier, un bon lit.